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Relaxation en IME

 

 

Pour les jeunes rencontrés en IME, les difficultés sont multiples : échec scolaire, difficultés de compréhension et de d’élaboration, troubles divers de la personnalité, trouble de la communication.

Souvent en grosses difficultés par rapport à leur corps : tensions et pulsions mal vécues qui s’expriment souvent par la violence.

La relaxation permet une écoute du corps, une intériorisation qui aide à percevoir ces tensions, les accepter puis les abandonner. Par des prises de posture, des gestes lents on aide le jeune à prendre conscience de son corps, des raideurs et tentions musculaires.

Les exercices proposés non plus en temps que finalité mais adapté à chacun en fonction de ses capacités, dans le respect de ce qui l’est à un moment donné, va permettre une vrai reprise de contact avec soi.

 

 

Les personnes handicapées sont souvent très angoissées, ce qui amène une mauvaise régulation du tonus qui génère de la fatigue, un mal être important.

Les moyens d’expression de cette angoisse sont nombreux : plainte physique et somatisation, agressivité, violence, agitation et hyper activité, prostration et mutisme…..

 

Travailler dans l’ici et maintenant aide à percevoir les signaux d’alarme du corps et à pouvoir s’exprimer ou se contrôler : J. ayant de forte pulsions pouvant être dangereuses, pour lui ou les autres, travaille en relaxation depuis quelques années autour de se qu’il ressent dans son corps lors de ces états émotionnels intenses, et apprend à les réguler par des exercices de contrôle respiratoire.

 

Souvent très égocentrés ces jeunes ont du mal à s’intéresser à l’autre.

La sensibilité perçue lors des exercices, la détente qui en découle aide à développer une attention à l’autre, qui se remarque d’abord dans les groupes : le besoin de s’assurer que le groupe est au complet, l’attitude qu’ils manifestent les uns par rapport aux autres, les massages qu’ils se font les uns les autres.

Lors de la création des groupes, nous étions toujours obligées de poser le cadre au début de chaque séance : les jeunes s’insultant, se provoquant ou jouant avec bruit et agitation dans la salle de psychomotricité. Maintenant il est rare que nous ayons besoin d’élever la voix, il installent eux même les matelas et se posant tranquillement et attendent le début de la séance.

Lors de l’atelier relaxation-massage, ils attendent leur tour, ou la fin de séance lorsqu’ils ont été massés, dans le calme pour ne pas gêner les autres.

 

 

Pour ces jeunes en grosses difficultés, les séances s’appuient sur des sensations concrètes :

Automassage à la main ou avec balle, ballon de différentes textures,

Massages avec balle, masseurs, mobilisations et relaxation coréenne, massage à l’huile.

L’inventaire des appuis des différentes parties du corps sur le sol ou la chaise: durs mous, grand petits, rapprochés, à droite, à gauche.......

Un travail sur la respiration

 

Nous travaillons aussi beaucoup avec des ballons ou bâtons qui donnent un prolongement  aux gestes, et permet de visualiser le mouvement dans l’espace et amène un élément ludique.

 

Le cadre est un élément important de la séance. Il doit être a la fois contenant et ritualisé, afin de sécuriser le jeune.

Ainsi V jeune fille de 18 ans. La relaxation lui est proposée après un épisode de colite spasmodique hémorragique. Nous commençons toujours la séance par un automassage, elle sait ce que l’on va faire et peut se détendre par la suite.

 

Avec certains adolescents, la musique peut servir de cadre sonore, leur permettant de retrouver chez eux ce support.

Avec N. jeune autiste de 13 ans, vocalisant beaucoup j’ai installé un rituel à l’aide d’un CD de rythme qui matérialisait les temps de la séance: enlever les chaussures, se poser et rentrer en relation, les temps de contact  et vibrations (relaxation coréenne), la fin de séance.  Les temps de mobilisation s’allongent. Bientôt, il demande la fin du morceau avant de remettre ses chaussures et partir.

 

Pour d’autres ce sera à travers la diffusion d’huile essentielle dans la pièce que la séance est matérialisée : bougie allumée et éteinte et début et fin de séance.

La bougie peut aussi donner un support à ceux qui ont du mal à fermer les yeux.

 

Face à une image du corps mal ou pas structurée, les automassages, les massages, permettent la construction d’une enveloppe sensorielle.

 

 

L’utilisation d’objets pour masser : balles ou ballons de différentes textures (lisses, picots, tissus, tennis) objets de différentes formes ou matières (bois, plastique), sacs contenant du sable, des marrons, permet de mettre  une distance, pour certains jeunes pour qui le toucher est trop intrusif, ou permet d’apporter d’autres sensations à découvrir.

On massera alors tout le corps en privilégiant le dos et la face postérieure.

 

 

 

On pourra ensuite passer à

Des mobilisations comme dans les méthodes : Wintrebergt, Relaxation Coréenne ou le donneur mobilise les différents segments du corps : il utilise des vibrations, balancements, étirements et manœuvres d’apesanteur selon un rythme doux et progressif qui amène le receveur à un relâchement profond. En effet les différents types de mobilisations, qui alternent avec des temps d’arrêt permet au corps de se relâcher, aux articulations de se débloquer et la respiration se libérer en soupirs involontaires.

Des massages plus segmentaire à la main ou à l’huile: pieds, main, visage.

 

Il peut être bien de finir par un contact enveloppant : patte de chat, modelage, bercement.

 

Ainsi D. 12ans, jeune ayant des traits autistiques, participe à un groupe de massage, Il avait beaucoup de mal à se laisser toucher. Peu a peu il a accepté des contacts plus long, sur la main, la tête. Puis il a accepté le dos, tout le corps, demandant en tendant son pied ou sa jambe. Par la suite, il a ajouté les mots.

A l’heure actuelle, il se masse lui-même avec une balle, et secoue son pied pour reproduire les vibrations de la relaxation coréenne.

 

Chez lez enfants ayant des problèmes de communication comme dans  l’autisme, ou des blindismes… La relaxation coréenne peut être un bon outil : les vibrations, mouvements d’apesanteur, vague….en prolongeant les mouvements spontanés et par les variétés de rythmes, amène des ruptures dans ceux-ci

La communication par le toucher, permet un contact sur un mode non verbal. Il devient un lien vivant qui peut rassurer.

La variété et la brièveté des gestes permettent de travailler par petite touche chez des enfants ayant du mal à supporter le contact et de les apprivoiser.

On peut aussi masser une partie du corps en fonction de la tolérance de l’enfant : le pied, le dos….. Les mains et le visage étant souvent des parties moins accessible au massage.

 

 

La difficulté d’élaboration, l’absence de langage ne permet souvent pas un temps de parole constructif en fin de séance. Les jeunes qui en sont capable relatent ce qu’ils ressentent sans faire de liens : c’était bien, ça me fait du bien, cela me soulage, je me sens mieux.

Peu à peu, la possibilité de mettre des mots sur les sensations se fait jour, la parole se libère.

 

Leur attitude est plus souvent révélatrice du changement :

        Demande de plus en plus précises aux cours des séances.

        Etirements, bâillements, position plus ouverte : sur le dos, bras sous la tête, yeux fermés.

        Choix des outils plus fin : masseurs, balles douce, mains et huile.

Préparation de leur personne : enlève leur chaussettes, relève le bas du pantalon dès le début de la séance.

        Manifestation de plaisir qu’ils ont à venir lorsqu’on va les chercher où qu’on les rencontre sur d’autres lieux.

        Rappel de la séance dans la semaine, auprès des autres adultes de la maison.

Baisse des plaintes corporelles et somatisations.

        Changement d’attitudes sur les lieux de vie : plus souriant, ouvert, dynamique, moins agressif.

 

 

 

L’utilisation du dessin est aussi un moyen d’expression qui peut être utilisé en fin de séance :

Dessin de la séance ; Ce support permet d’encrer dans la réalité le travail

Dessin libre qui devient un moyen d’expression des différents ressentis ou émotions : A. dessinant un masque africain pour symboliser ses difficultés à communiquer, ou selon les séances un feu d’artifice ou sa crainte de l’avenir, par des images très « parlantes ».

Dessin du bonhomme : marquer sur une silhouette prés dessinée, les différents endroits massés, ou  les sensations vécues.

 

Le suivit de ces jeunes ne peut se faire qu’a leur rythme.

A travers la relaxation c’est une rencontre avec l’autre. Il faut permettre la création d’un espace d’évolution possible.

L’accompagnement peut être d’une présence bienveillante, de l’accueil de l’autre, et la verbalisation du vécu dans l’ici et maintenant. Il m’arrive souvent, devant un jeune très agité ou remuant, de me poser simplement, me centrer et exprimer ce que je vois et ressent, très souvent cela suffit pour permettre la mise en place d’un travail.

 

Pour certain, le lâcher prise est trop douloureux, les résistances restent trop fortes. Il s’agit de les apprivoiser, leur laisser du temps et les accompagner.
Il arrive parfois, qu’après une séance ayant amené un vécu émotionnel important, le jeune ait du mal à revenir, il a besoin qu’on aille le rechercher, lui montrer qu’il n’est pas en danger.  

 

 

Cette pratique demande d’être à l’écoute de l’autre et de soi même.

On ne peut rester figé dans un protocole, devant adapter chaque méthode et chaque exercice à la personne.

L’utilisation d’un langage simple, compréhensible par tous.

Les temps de relaxations doivent être courtes, parfois quelques minutes suffisent pour permettre au jeune de prendre contact avec son corps.

 

La finalité de ce travail étant, non pas de faire des séances de relaxation parfaites, mais de créer un espace qui permette à l’autre de se rencontrer.

 

Par Bernadette GRELIER  PLATEL

Association COURT’ECHELLE

Juin 2008

 

 

Bibliographie :

 

L’Enfant et la Relaxation

S’il te plait apprivoise moi

G.MANENT

Le Souffle d’or

 

Gymnastique douce pour les personnes handicapées

J.CHOQUE et O. QUENTIN

Amphora

 

La relaxation psychomotrice de 1986 à 2006

Thérapie Psychomotrice et Recherche

N° 146 année 2006

 

La détente Absolue : La relaxation Coréenne

Jean Louis ABRASSART et Marie BOREL

Ed Guy TREDANIEL

Tag(s) : #Travaux Divers
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